La degustation des vins de Lorraine

La degustation des vins de Lorraine

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Photo des rangées de vignes

Passé proche de la disparition, le vignoble de Lorraine renaît. Sur ses petites surfaces en coteaux, les installations vigneronnes accentuent la dynamique, comme le tourisme qui s’intensifie.
Par Justine Knapp

En Lorraine, sur la carte des vins des restaurants et cavistes de choix, les noms de domaines locaux appa­ raissent désormais. Une promotion qui dit la pris français, mais le pas pouryparvenirfutgrand. Il aura fallu une génération pourreprofessionnaliser la vigne, passée proche de la disparition. Le phylloxéra puis les guerres en coup de grâce ont eu raison des 40 000 hectares de la fin du xrxe siècle, trois fois plus qu’en Alsace à la même période. La région compte aujourd’hui près de 250 hectares enAOP et IGP pour une cin­quantaine de vignerons et vigneronnes.

La dernière décennie, le tourisme a pris de l’ampleur, notamment depuis les pays frontaliers, l’.Al.lemagne notam­ment. On vient pour sa gastronomie plus large qu’on ne le pense (mirabelle, munster et fuseau lorrain en tête de gon­dole) et ses paysages verts autour de villes remarquables comme Metz ou Nancy. Vergers, prairies et forêts jouxtent les parcelles de vignes morcelées, cultivées à 75 % en bio. Ces coteaux argilo-calcaires ont inspiré le slogan de ralliement des trois vignobles : « Côtes à côtes ».
Première appell’ation en 1998, les Côtes de Toul entourent de charmants villages viticoles comme Bruley et consacrent la majorité de leurs 120 hectares à la spécialité locale, le gris-de-toul, un rosé en pressurage direct issu majoritairement du gamay. Au bord de l’eau, l’appellation Moselle, 80 hec­tares, carrefour européen qui lui vaut beaucoup de pas­sage, mise sur les principaux cépages lorrains: l’endé­mique auxerrois, le pinot gris, le müller-thurgau, le pinot noir et le gamay. En IGP Côtes de Meuse, 40 hectares, la tra -dition de polyculture-élevage perdure, le travail de la vigne côtoie celui des mirabelliers ou cerisiers en pied de côte. Dernier succès en 2024, l’IGP Lorraine, consacrée à la pro­duction historique de vins effervescents en méthode traditionnelle, initiée il y a deux siècles.

UNE RÉGION EN DEVENIR
Autre évolution notable : les jeunes s’installent, y com­pris dans le département des Vosges. Bien que la région n’échappe pas aux gifles cli­matiques, la Lorraine attire celles et ceux en quête de vins lestes aux pH bas. Élan parfois freiné par la cherté du fon­cier, particulièrement aux abords du Luxembourg, et par la reconquête difficile des friches. Les bouteilles estam­pillées Lorraine semblent pour l’ heure confiden­tielles, pour une question de volumes bien sûr, mais aussi de commercialisation en vente directe. Une manière de faire vivre la région, cou – tumière des désertions, qui a su réinvestir l’un de ses cœurs de métier.

CONDITIONS DE LA DÉGUSTATION
Plus d’une centaine de cuvées ont été dégustées par Justine Knapp en juillet 2025. La sélec­tion réunit /es vins plus recom­mandables, indépendamment de leur catégorie, en appel­lations ou Vin de France, sur appel à échantillon individuel auprès des domaines. Tous les vins ont été regoûtés a minima le jour suivant.